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Gangelin, Paul; Hanson, Earl; Gregory, Horace (ed.) / The Wisconsin literary magazine
Volume XXI, Number 6 (March 1922)
D'Arlequin, Gaston
Des effondrilles, pp. 152-153
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WISCONSIN LITERARY MAGAZINE Des Effondrilles GASTON D' ARLEQUIN. Ici on dit que 1' Amerique est grand en beaucoup de choses. Des le monde civilise on dit que 1' Ameri- que est supreme en une chose. En I' Europe nous disons de lui qui nous montre ce qui est evident, "II est habile", ici on dit d' un tel, "I1 est un genie!" Ceci prouve la suprematie de la Am6rique relative- ment a cette une chose: le gout. Car les Americains sont nes avec un gout exquis. On comprend cela tout facilement quand on se rap- pelle que Boston 6tait leur ville de hier, et que Chicago est leur ville d' aujourd'hui. Mais jusqu' au temps qu' ils s' enregistrent dans le college ce talent n' est qu'un peu developpe. En effet, sans John Bunyan et Louis Stevenson on serait craintif pour 1' avenir de 1' Amerique. Mais 1' universite americaine, institution incomparable, cultive 1' idiotisme americain -c' est a dire, le gout- d' une maniere a la fois charmante et artistique. Mais c' est bien indiscret pour un etranger d' essayer de louer les Amn6ricains; seulement eux-memes sont capables de ce faire. Dans cette universite meme il y a des temoignages de cc gout,- notablement la "Revue litt6raire de Wis- consin". II est tres facile de prouver cela. Prenons, par exemple, les poemes de Pennell Crosby. Ce qui frappe principalement 1' attention du liseur est la su- perfluite chromatique de rien du tout qui existe dans ces vers. Sans nul doute 1' auteur de ces chefs-d' oeuvre etait saisi d' une "complexe-des-couleurs" pendant qu' elle jouait avec une carte de couleur dans sa jeunesse. Cela rend ses ecrits tres interessants. Touchant les poemes de Mildred S. Hill, on voit ici une chose qui est vraiment remarquable. Ses poemes-s' ils sont poemes-n' ont pas du rythme, mais au meme temps le rythme ne leur manque pas! Au fait, on lit deux ou trois lignes, et, enfle en croyant qu' il ait decouvert le mouvement, commence a lire la quatrieme, et tout a coup il se trouve perdu dans un gachis des expressions poetiques lesquelles sont par- faitement incroyable, incontestable, et incomprehen- sible. On le trouve tres facile de se perdre dans I' art de ce type. Et de le faire est plus qu' une experience nouvelle et charmante, c' est positivement dangereux. Un vrai artiste, suivant la definition de M. Edison, est un homme qui dit au liseur, "Maintenant je vous montrerai un papillon," et qui alors conunence a le montrer. Or, M. Horace Gregory, accomplit beau- coup plus que cela; il nous dit la meme chose, mais puis il nous donne des lunettes de couleurs diverses et nous indique un elephant. Ou bien il publie des rimes incertaines, car il est surtout un rimailleur. Ses poemes donnent 1' impression qu' ils etaient ncrits pendant que I' auteur etait vexe' avec une douleur de 1' estomac. Que Baudelaire eut fait si trompeuses ses idees! I1 est presque aussi difficile de trouver le sens dans ses poemes qu' il est de trouver le poete lui-meme. Et c' est bien interessant de reflechir a cette affaire. Le matin le poete dort; 1' apres-midi il va prendre le th6 avec un group des p s e u d o-litt6rateurs q u i, comme lui, ne sont pas meme des dilettantes honnetes, et ensemble ils haranguent sur quelque griffoneur barbare, en parlant principalement de rien. Et ils sont admir6s et estimes comme des intellectuels par la communaute6 entiere! Eh bien, lorsque notre jeune poete retourne a la terre, il produit une vingtaine de ses oeuvres incomparables, et alors il dort encore une fois. Quelle fecondite! Mais soit de 1' auteur, soit de ses ouvrages, je n'ai plus rien a dire. Fait, le plus que je puisse faire est de remarquer, comme remarque la police en la France, -cherchez la femme! On voit dans une livraison recente de la "Revue Litteraire", -qui est quelquefois litteraire, de maniere cu d' autre- une choise ai la fois etonnante et char- mante: etonnante parce qu' elle est si diff6rente de ce qu' on est accoutume de voir damne par le public avec cette meme juste rage qui damnait l'ineffablement atroec "Salom6"; et charmante parce que 1' on y trou've un puritanisme si subtil et si delicat que 1' on peut presque s' attendre a 1' avenir de 1' art amenicain malgre la cagoterie des partisans de "vers libre, amour libre, et liqueur libre". Je parle de "Semiramis", par M. Weinbaum. Voici un esprit qui est presque entieremnent absent de la litterature du hemisphere d' est. Les puritans, quand 1' Angleterre devenait trop mechant pour eux, allerant a Boston, ville qui etait bien sainte mime a cette epoque. Et le puritanisme, austere et froid, a ete depuis ce temps-la, le suaveur pas seulment de cette liberte de laquelle les Americains sont si fiers, mais aussi de 1' art americain. Ici on n' a pas encore commence a reconnaitre le droit a I' immortalite d' Allen Poe. Mais nous pauvres franwases fonda, il y a longtemps, une ecole sur son genie tandis que sa patrie, reconnaissant qu' il n' etait qu' un mepnisable sot, exila son nom de la conversation de societe polie. Apropos de M. Weinbaum,-il y a dans tous ses ouvrages un dependence sur I' influence punitaine aussi 152 March.: 192.2
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