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Hanotaux, Gabriel, 1853-1944 / Histoire illustrée de la guerre de 1914
Tome 15 (1923)
Chapitre LXVII: La grande crise de l'hiver 1916-1917, pp. 93-146
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CHAPITRE LXVII LA GRANDE CRISE DE L'HIVER i9i6-I9I7 Hiver 1916-1917. - Suites de la confÈrence de Cambrai. - La manoeuvre pacifiste chez les AlliÈs, chez les neutres et en France. - Remplacement du gÈnÈral Joffre. - Chute du cabinet Briand. - La crise en Autriche et en Allemagne. - Proposition de paix allemande. - La guerre sous-marine. - Les Etats-Unis entrent dans la guerre. - La manoeuvre pacifiste ª en Russie. - La chute du Tsar et la RÈvolution russe. A fin de l'annÈe i9i6 avait donnÈ quelque rÈpit ý l'Alle- magne et ý ses alliÈs: l'offen- sive de Broussiloff, si redou- table jusqu'en aost, s'Ètait sou- dain comme enlisÈe; la Rou- manie avait ÈtÈ vaincue et, si son armÈe avait pu s'abriter derriËre le Sereth, elle n'Ètait pas en Ètat de reprendre, par elle seule, le territoire national occupÈ par l'ennemi; la tenta- tive austro-hongroise sur la Haute-Italie avait finalement ÈchouÈ, mais non sans causer un grave prÈjudice ý la cause de l'Entente ; la bataille de la Somme arrÍtÈe ne paraissait pas avoir obtenu le rÈsultat dÈcisif sur lequel les AlliÈs avaient pu compter. Gr'ce ý ce rÈpit, Hindenburg et Ludendorff pouvaient se croire en situation de rÈparer, jusqu'ý un certain point, le mal que Falken- hayn n'avait pu enrayer. Mais la rÈalitÈ Ètait beaucoup moins satisfaisante que les appa- rences. A Verdun, les succËs obtenus par les offensives de Nivelle et de Mangin avaient forcÈ l'armÈe allemande ý se cantonner dans une dÈfensive sans avenir; et, sur la Somme, si la bataille se trouvait suspendue par la mauvaise saison et par la nÈcessitÈ d'une - L'arriËre ª en Allemagne. nouvelle prÈparation, elle pouvait reprendre de plus belle, mÍme avant la fin de l'hiver on savait tout cela dans le camp allemand et c'est pourquoi on ne renonÁait nullement au programme gÈnÈral tracÈ par la confÈrence de Cambrai. Hindenburg avait conÁu, d'ailleurs, un plan militaire destinÈ, dans sa pensÈe, ý lui per- mettre de raccourcir son front, de concentrer ses forces sur le front occidental et de gagner du temps. Ce projet consistait ý abandonner le saillant de Noyon et ý se replier sur la ligne qualifiÈe depuis ligne Hindenburg. Quand nous reprendrons l'exposÈ des ÈvÈ- nements militaires en i9i7, nous insisterons sur le caractËre de cette rÈsolution : c'Ètait, en somme, une dÈfaite assez analogue ý celle de la Marne et elle Ètait la suite incontestable de la bataille de la Somme. Les consÈquences en eussent ÈtÈ aggravÈes, sans doute jusqu'au dÈsastre, si Joffre, selon son projet, Ètait tombÈ sur l'armÈe allemande au moment o~ elle accom- plissait ce travail si hasardeux d'une grande retraite stratÈgique en prÈsence de l'ennemi, c'est-ý-dire dans la seconde quinzaine de fÈvrier. De toutes faÁons, le parti adoptÈ par l'iZtat- Major allemand comportait un changement complet d'horizon : on renonÁait, pour le moment, au projet caressÈ depuis trois ans de 93
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