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Hanotaux, Gabriel, 1853-1944 / Histoire illustrée de la guerre de 1914
Tome 15 (1923)
Chapitre LXV: Fin des batailles de la Somme et de Verdun (fin juillet-décembre 1916), pp. 1-[23]
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HISTQIRE ILLUSTREE DE LA GUERRE DE 19I4 Ètait donc l'objectif de l'armÈe britannique, tandis que l'armÈe franÁaise aurait ý attaquer, plus au sud> Sailly-Saillisel. Malheureusement, une. circonstance ý laquelle il Ètait bien difficile de faire, dans les prÈvisions, une part aussi large qu'elle le fut dans la rÈalitÈ, entrava soudain, pendant tout le mois d'octobre et les premiers jours de novembre, l'action de l'armÈe britannique: il faut laisser la parole ý Douglas Hýig lui- mÍmre Malheureusement, ý ce moment, un trËs mauvais temps s'Ètablit et dura, pour ainsi dire, sans rÈpit pen- dant la fin d'octobre et le dÈbut de novembre. La mau- vaise visibilitÈ gÍna sÈrieusement le travail de notre artil- lerie et la pluie continue transforma la plus grande partie des tranchÈes, h'tivement construites, dans lesquelles nous combattions, en profonds ruisseaux de boue. Les chemins coupÈs d'innombrables trous d'obus devinrent rapidement impraticables, faisant du ravitaillement en vivres, en matÈriel et en munitions un sÈrieux problËme. Ces conditions augmentËrent ý tel point les difficultÈs de l'attaque qu'on reconnut bientÙt l'impossibilitÈ d'exploi- ter la situation avec la rapiditÈ nÈcessaire pour permettre de rÈcolter tous les bÈnÈfices des avantages que nous avions remportÈs... A mesure que la saison s'avanÁait, et comme le mauvais temps continuait, ajoute le gÈnÈral, l'envergure de notre plan dst etre constamment rÈduite... C'est ý peine si l'on put, ý la faveur d'une Èclaircie, le 13 novembre, aborder l'entreprise couronnÈe de succËs de Beaumont-Hamel, sur laquelle nous allons revenir. Il est intÈressant de constater, cependant, que, malgrÈ ces difficultÈs imprÈvues, l'armrÈe franÁaise ne renonÁa nullement ý sa t'che et qu'elle rÈpondit, par des succËs importants, ý l'appel de ses chefs. Nous avons laissÈ la 6e armÈe (Fayolle) au moment o~ elle occupe l'importante position de Combles. AussitÙt (27 septembre), elle se met en marche sur FrÈgicourt pour atteindre la cote I40 qui commande Sailly-Saillisel. Le commandement anglais lui a cÈdÈ Morval, qui, de la cote i5i, lui permet de dominer les fonds de la carriËre et le boqueteau du Mou- choir ; mais des tranchÈes trËs solidement tenues font une bretelle de Morval au bois de Saint-Pierre -Vaast. Une premiËre tentative sur FrÈgicourt Èchoue le 27 septembre; elle est reprise le 29 par le 32e corps qui enlËve la partie sud du systËme. Le 4 octobre. le Ier corps s'empare de la ligne qui empÍche le dÈbouchÈ de Morval. Ainsi, gr'ce au concours de l'aimÈe britannique, qui appuiera au nord, on pourra s'avancer en tenaille sur Sailly- Saillisel. L'attaque est fixÈe au 7, les Anglais dÈbouchant sur le nord de Morval, le Ier corps franÁais au centre, les 5e et 6e corps. ý droite, c'est-ý-dire au sud. Mais la prÈparation d'artil- lerie n'a pas ÈtÈ suffisante; les crÍtes et le bois de Saint-Pierre-Vaast reprÈsentent un ensemble fortifiÈ presque inexpugnable. Il faut recom- mencer la prÈparation d'artillerie, tandis que le jer corps est relevÈ par le ge corps, Le gÈnÈral' Douglas Hait dit: Le dÈlai dans notre progression, tout inÈvitable qu'il fst, avait donnÈ ý l'ennemi le temps de se rÈorganiser et de rallier ses troupes. Sa rÈsistance redevint obstinÈe et il saisit toutes les occasions favorables pour contre- attaquer. Cependant, le commandant franÁais entend avoir le dernier mot:* le gÈnÈral Douglas Haig l'appuie par le nord <<.toutes les fois qu'une lÈgËre amÈlioration dans Je temps rendait possible la coopÈration de l'artillerie et de l'infanterie ª. Le 15, le 32e corps enlËve la partie sud du village de Sailly; le 9e corps. appuyÈ par les Anglais, s'approche du Transloy. Et enfin, le iS, les deux villages de Sailly et de Saillisel sont occupÈs; nous sommes maÓtres de la route, tandis que les Anglais tiennent les approches du Transloy. On voudrait, selon les ordres reÁus de l'ar- mÈe, dÈboucher immÈdiatement vers Rocqui- gny et le Mesnil-en-Arrouaise pour produire un saillant, dÈbordant PÈronne au sud et Bapaume au nord; on s'assurerait ainsi, avant l'hiver, de la route, base essentielle de toute manoeuvre ultÈrieure. Mais, cette fois, le mauvais temps est installÈ: pluies diluviennes, boues argileuses o~ le pied colle, les troupes I4
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