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Hanotaux, Gabriel, 1853-1944 / Histoire illustrée de la guerre de 1914
Tome 15 (1923)
Chapitre LXV: Fin des batailles de la Somme et de Verdun (fin juillet-décembre 1916), pp. 1-[23]
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HISTOIRE ILLUSTRSE DE LA GUERRE DE 19I4 rieuse sur un des points accessoires, cherchant un moyen de dÈboucher vers la paix: c'est l'heure ou jamais d'assener le coup dÈcisif. Le 2 novembre, Mangin reprend le fort de Vaux: prÈcisÈment, le gÈnÈral Joffre adresse au gÈnÈral Douglas Haig le Ier novembre la lettre qui contient ses prÈvisions dÈfinitives pour la campagne d'hiver sur la Somme: Le principe est le suivant: l'offensive continuera en vue de poursuivre sans rÈpit l'usure des armÈes allemandes et de ne pas leur laisser une minute pour respirer. La conduite des opÈrations pour la fin de i9i6 et surtout pour la reprise de i9i7, comportera: If la simultanÈitÈ des offensives; 20 des fronts trËs Ètendus. La rÈgion d'offen- sive la plus favorable est entre Arras et l'Oise. Le plan sommaire des opÈrations comportera: If une offensive franÁaise '.entre Somme et Oise; 20 simultanÈment une offensive britannique entre Somme et Vimy; entre ces deux attaques qui formeront un V, le front le Transloy- PÈronne reste initialement dÈfensif. Chacune des deux offensives pourrait Ítre exÈcutÈe sur un front de 30 ý 40 kilomËtres. La mise ý exÈcution de ce plan entraÓne- rait naturellement des modifications dans la disposition du front et une rÈpartition nouvelle entre les armÈes franÁaise et britannique du front passif qui joint les deux zones d'attaque. N'oublions pas que Vaux va succomber et que l'affaire de Verdun, en tant que dÈfen- sive, est close : on peut disposer d'une partie des forces et des ressources qu'absorbaient la 2e armÈe et le groupe des armÈes du Centre. Pour bien affirmer ce caractËre de puissant coup d'assommoir que doit Ítre l'opÈration ý trËs large envergure mÈditÈe pour le dÈbut de l'annÈe i9i7 par le gÈnÈral Joffre, il suffit d'ajouter immÈdiatement, qu'avec les forces et les ressources rendues libres ý Verdun, non seulement on renforÁait considÈrablement le front de la Somme, mais en plus on prÈparait en Haute-Alsace une offensive ayant pour but de rompre le front ennemi entre Cernay et la Suisse et d'atteindre, si possible, le Rhin; on comptait agir sur ce point par surprise et effectuer, dans le minimum de temps et avec le minimum de moyens, une brËche rapidement exploitÈe. Les moyens ý prÈvoir pour la cam- pagne d'hiver Ètaient les suivants : libÈration de quatre armÈes (Óoe armÈe, 6e, 3e et Ire), ayant chacune, en principe, trois corps d'armÈe en ligne et formant le cadre permanent dans lequel viendraient successivement se placer les divisions d'infanterie appelÈes ý la bataille. Le gÈnÈral Foch est chargÈ de mettre sur pied cette vaste entreprise qui donne dÈjý idÈe de celle qui mettra fin ý la guerre. Pour les Ètudes et les prÈparatifs, il disposera des Ètats-majors d'armÈe et de corps d'armÈe du groupe des armÈes du Nord. Cette lettre importantissime, qui n'est que la suite logique des succËs de Verdun et de la Somme et qui prÈpare, sur les donnÈes nou- velles rÈsultant de ces succËs, la face prochaine de la guerre, est du 8 novembre i9i6. Nous reviendrons sur ce proj et qui se rÈsume en deux mouvements, suite naturelle des succËs antÈrieurs: exploitation ý fond de la bataille de la Somme pour agir en grandes forces sur les communications de l'ennemi; exploitation ý fond de la bataille de Verdun par une' offen- sive dans l'Est destinÈe ý peser ý la fois sur l'Autriche qui flÈchit et sur les irtats du centre de l'Allemagne, renouvelant ainsi la vraie campagne d'Allemagne, celle des Turenne et des NapolÈon, celle qui fera connaÓtre enfin ý la population ennemie le fardeau de la guerre. Or, ý cette date, prÈcisÈment, l'Allemagne demande la paix: Hindenburg.et Ludendorff ont rÈdigÈ le mÈmoire destinÈ au prÈsident Wilson: la Russie tient encore et, comme l'a constatÈ von Kuhl dans son entretien avec Ludendorff, l'Ètat des choses ne laisse aucune chance d'aboutir, par les armes, ý une issue favorable. On peut apprÈcier les rÈsultats que la grande entreprise militaire menÈe dËs les premiËres semaines de l'annÈe i9i7 est obtenus si d'autres ÈvÈnements ne s'Ètaient mis ý la traverse. Ce qui importe d'observer, cependant, avant d'exposer la suite des ÈvÈnements qui s'oppo- sËrent ý leur mise ý exÈcution, c'est que ces grands desseins stratÈgiques avaient ÈtÈ l'objet d'un accord complet entre les deux comman- dements alliÈs du front occidental. Le gÈnÈral I2
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