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Hanotaux, Gabriel, 1853-1944 / Histoire illustrée de la guerre de 1914
Tome, 1 (1915)
Chapitre VI/ La France en face de l'Allemagne, pp. 130-[152]
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HISTOIRE ILLUSTRSE DE LA GUERRE DF I914 en ig05, acceptÈ la loi de deux ans. Il faut par compagnie, pour les troupes de couver- ture, au moins I75 hommes en permanence, ce qui, en tenant compte des dÈficits inÈvi- tables, en exige environ i90 ý l'incorporation des recrues. Pour les troupes de l'intÈrieur, il faut au moins I25, et, ý l'incorporation, I40. > La loi des cadres, rÈcemment votÈe, n'en a, il est vrai, prÈvu que i6o. Pourquoi? Jus- tement parce que les termes du problËme Ètaient inversÈs et qu'au lieu de calculer le recrutement d'aprËs l'effectif, il a fallu subor- donner celui-ci ý celui-lý. Donc, voilý les chiffres reconnus comme indispensables: i90 hommes dans les corps de couverture, I40 ý l'intÈrieur. Pour la cavalerie, il faudrait un effectif initial de I70 hommes par escadron. Je n'ai pas le chiffre exact de l'effectif actuel, mais tout le monde sait que nos escadrons, dans la pÈriode o~ nous sommes, ne sont que des squelettes... Nous ne savons pas encore ce que donne- ront les nouveaux projets allemands. Mais, si le service obligatoire est, comme le demande le gouvernement impÈrial, rigoureusement appliquÈ, alors ce sera 850.ooo hommes au moins que l'Allemagne mettra sur pied. Si la France hÈsite devant une telle menace ý se mettre en Ètat de dÈfense, si elle laisse ses compagnies et ses escadrons dans l'Ètat o~ je viens de les montrer, c'est le suicide... Ainsi, bon grÈ mal grÈ, si nous voulons, sÈrieusement, Ítre en Ètat de combattre, Ítre prÍts ý la guerre ª suivant le mot de M. PoincarÈ, il faut accepter le remËde intÈ- gral, la loi de trois ans, qui nous donnera 200.000 hommes de plus, et constituera, avec la portion permanente, les engagÈs et les rengagÈs, une armÈe active de 700.000 hommes, solides, exercÈs, avec quoi la France peut regarder l'avenir sans trembler: ª (L'Heure dÈcicive.) L'opinion, que l'on disait indiffÈrente, suivait avec un vif sentiment des nÈcessitÈs de la survie nationale cette polÈmique passionnante. Si elle n'Ètait pas prÍte, elle se prÈparait. Le Conseil supÈrieur de la guerre, consultÈ, se prononÁa ý l'unanimitÈ pour le service de trois ans. Le gouvernement adopta son avis et le pays, cette fois, tÈmoigna par un frÈmisse- ment que son instinct et sa rÈflexion se pro- nonÁaient. Le Times a dit que j amais libre dÈmocratie n'a donnÈ un plus splendide exemple ª. Et cela est vrai. Si, seulement, cet exemple est ÈtÈ suivi, dËs lors, par l'Angleterre ! Le message du prÈsident de la RÈpublique du 20 fÈvrier i9i3 posait, en ces termes, le pro- blËme militaire: La paix ne se dÈcrËte pas par la volontÈ d'une seule puissance, et jamais l'adage que nous a lÈguÈ l'antiquitÈ n'a ÈtÈ plus vrai qu'aujourd'hui; il n'est pas possible ý un peuple d'Ítre efficacement pacifique qu'ý la condition d'Ítre toujours prÍt ý la guerre. (( Une France diminuÈe, une France exposÈe par sa faute ý des dÈfis et ý des humiliations ne serait plus la France. Ce serait commettre un crime contre la civilisation que de laisser dÈchoir notre pays, au milieu de tant de nations qui dÈveloppent sans cesse leurs forces militaires. ª - Le ministre de la guerre du cabinet Briand Ètait M. Stienne, que le souvenir de l'amitiÈ de Gambetta et une longue carriËre de vigilance et de dÈvouement ý la grandeur du pays, inspi- raient. Il dÈposa sur la tribune de la Chambre le projet de loi (( ayant pour objet de modifier la loi du 2i mrars ig05, notamment en ce qui concerne la durÈe du service dans l'armÈe active ª et il le fit prÈcÈder d'un exposÈ des motifs ª o~ le patriotisme le plus ferme faisait appel ý l'esprit de sacrifice de la nation ª. Pendant que la Commission de l'armÈe Ètu- diait le proj et et que la maj oritÈ favorable luttait pied ý pied contre la tactique dilatoire des socialistes et des radicaux-socialistes, le cabinet Briand fut renversÈ ; le cabinet Bar- thou le remplaÁa. Le nouveau ministËre rÈsolut de tout subor- donner au vote de la loi de Trois ans: c'est l'honnieur du chef de ce cabinet d'avoir compris I ^A N
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