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Hanotaux, Gabriel, 1853-1944 / Histoire illustrée de la guerre de 1914
Tome 15 (1923)
Chapitre LXVIII: La crise militaire de 1917, pp. 147-212
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CHAPITRE LXVIII LA CRISE MILITAIRE DE I9I7 Le plan de campagne de Chantilly. - Nivelle succËde ý Joffre. Malaise dans la conduite politique et militaire de la guerre. - La manoeuvre principale est transportÈe de la Somme sur l'Aisne. - Le recul stratÈgique allemand sur la ligne Siegfried. L'offensive: la bataille de Vimy et la bataille du Chemin des Dames-Moronvilliers, les 9 et 16-17 avril 1917. Une nouvelle politique de guerre Ai crise gÈnÈrale qui atteignait les belligÈrants et dont nous avons exposÈ les diffÈrents as- pects, avait son origine dans la terrible ª bataille de la Somme o~ l'armÈe allemande, de l'aveu de son propre chef, Ludendorff, - i62 I Dsavait ÈtÈ ý tout moment me- nacÈe d'une catastrophe ª. Mais le rÈsultat presque dÈcisif de I\1 /,9 cette bataille n'avait pas ÈtÈ compris'dans le camp des vain queurs. Partout, ce n'Ètait qu'une plainte, et les sacrifices, en effet, avaient ÈtÈ Ènormes: par un extraordinaire renversement des choses, les vainqueurs de la Somme et de Verdun flÈ- chissaient dans leur victoire mÍme et cette contradiction entre les sentiments et les faits donnait naissance ý une des crises les plus pÈnibles de la guerre. Rappelons les objectifs que s'Ètait proposÈs le gÈnÈral Joffre en engageant et en poursui- vant la bataille de la Somme; il les avait exposÈs avec une nettetÈ parfaite dans sa lettre adressÈe au gÈnÈral Haig: Il y a lieu de prÈvoir une bataille de durÈe prolongÈe... Elle devra Ítre constamment alimentÈe par l'apport de nouvelles forces en vue de battre finalement l'ennemi affaibli par quatre mois de bataille ý Verdun et sÈrieusement menacÈ ý l'est par les Russes. ª Ce programme, nous l'avons vu se rÈaliser et se renforcer chaque jour en un crescendo plein de grandeur ª jusqu'ý arra- cher le cri d'angoisse de l'Allemagne ý la confÈrence de Cambrai. Jamais le gÈnÈral Joffre ne s'Ètait dÈparti de sa conception d'un martËlement puissant sur le front de la Somme, rythmÈ avec les reprises offensives de Verdun et combinÈ avec les actions des Italiens, de l'armÈe de MacÈdoine et des armÈes russes. Cependant, de l'ensemble des rÈsultats qu'il obtenait - rÈsultats qui restaient, encore une fois, comme ignorÈs ou inapprÈciÈs de l'opinion franÁaise, - l'expÈrience le portait ý dÈgager sans cesse des mises au point et des amÈliora- tions, en un mot des puissances nouvelles. Non seulement Joffre avait le sentiment que la victoire ne lui Èchapperait pas, mais il avait l'impression de la serrer de plus en plus prËs au fur et ý mesure que l'hiver approchait. Il avait, en effet, adaptÈ sa premiËre idÈe s tratÈgique aux progrËs considÈrables rÈalisÈs sur l'ennemi tant ý la Somme qu'ý Verdun. Rappelons encore qu'il avait recommandÈ souvent, sur la Somme, d'Ètendre les actions 147
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