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Hanotaux, Gabriel, 1853-1944 / Histoire illustrée de la guerre de 1914
Tome 15 (1923)
Chapitre LXVII: La grande crise de l'hiver 1916-1917, pp. 93-146
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LA GRANDE CRISE DE L'HIVER i9i6-i9I7 eaux entourant les Óles britanniques ª, c'est- ý-dire la mer du Nord, la Manche et une partie de l'Atlantique, Ètaient proclamÈes zone de guerre sous-marine. Tout navire ennemi qui y serait rencontrÈ serait coulÈ sans avertissement prÈalable et les navires neutres pouvaient y Ítre en danger. ª C'Ètait, par le moyen de l'arme sous-marine, dÈclarer la guerre ý la navigation universelle. Pour parer le coup, il parut qu'il n'y avait pas d'autre moyen que de bloquer, par reprÈ- sailles, tout le commerce extÈrieur qui pouvait at- teindre l'Allemagne. Une rÈunion eut lieu aussitÙt ý Londres et on dÈcida l'arrÍt de tout navire qui se livrerait ý ce commerce, mais sans pertes de vies hu- maines et sans destruction, ni des navires ni des cargai- sons. Les tribunaux des prises statueraient. C'est ce qu'on appela le blocus ý distance ª, nÈcessitÈ par les champs de mines, les sous-marins et autres en- gins de la science moderne, mais surtout par la dÈcla- ration allemande, organi- UN SOUS-MARIN sant la guerre sous-marine ALLMAN contre tous. En fait, il s'a- gissait de la restriction des approvisionne- ments de l'ennemi ª. En application de ces nouvelles dÈcisions, fut ÈlaborÈ tout un systËme rÈglementant le transport, l'achat, la vente, le contingente- ment des matiËres de contrebande ou alimen- taires. En mars i9i5, fut constituÈ le ComitÈ de restriction ª sous la prÈsidence de l'amiral Moreau. Peu ý peu, les procÈdÈs d'action se prÈcisËrent. A la suite de la confÈrence de Londres, les bases du blocus moderne Ètaient Ètablies. Le comitÈ se complÈtait par la crÈa- tion d'une commission des dÈrogations ª des- tinÈe ý laisser toute la latitude possible au PC {D, commerce lÈgitime. Le systËme fonctionnait dËs le milieu de l'annÈe igi5. C'est alors que M. Denys Cochin, ministre d'Etat, reÁut la prÈsidence du ComitÈ de restriction ª et bientÙt, en raison de sa haute compÈtence et de son esprit de loyautÈ et de modÈration incontestable, avec le titre de sous- secrÈtaire d'Etat dÈpendant des Affaires Ètran- gËres, la direction de l'ensemble des services relatifs au blocus. En relation constante avec lord Robert Cecil qui Ètait chargÈ des services analogues en An- gleterre, M. Denys Cochin donna une impulsion Èner- gique ý cette grande affaire du blocus. Les causes de conflit ne manquaient pas, soit avec les neutres d'Eu- rope, soit avec les Etats- Unis d'AmÈrique: mais tous ces litiges furent rÈ- glÈs dans un esprit d'ÈquitÈ et de modÈration, tout diffÈ- rent des procÈdÈs allemands qui n'hÈsitaient pas ý pas- ser outre aux rËgles inter- nationales et aux lois de l'humanitÈ. PourmÈnagerles neutres, SCAPTURS il fut crÈÈ, ý Paris, une Chambre interalliÈe des contingentementsª s'appliquant spÈcialement ý rÈgler le cas de la Suisse, celui de la GrËce, en crÈant ý AthËnes un Bureau commercial ª, etc., etc. En juin i9i6, se rÈunit ý Paris sous la prÈ- sidence de M. ClÈmentel une confÈrence Ècono- mique des AlliÈs chargÈe d'envisager l'en- semble du problËme Èconomique. Il s'agissait d'une sorte d'alliance Èconomique visant ý la fois le temps de guerre et le temps d'aprËs la guerre. Les rÈsolutions de la ConfÈrence furent groupÈes en trois chapitres sous les trois rubriques suivantes If mesures pour le temps de guerre ; 20 mesures transitoires pour la pÈ- I43
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