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Hanotaux, Gabriel, 1853-1944 / Histoire illustrée de la guerre de 1914
Tome 15 (1923)
Chapitre LXVII: La grande crise de l'hiver 1916-1917, pp. 93-146
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LA GRANDE CRISE DE L'HIVER i9i6-I9I7 mots, dans ses MÈmoires de guerre, sur cette importantissime question. D'ailleurs, voici en- core l'aveu de von Kuhl: L'Stat-Major ne pouvait rÈsoudre seul ces questions. Elles auraient ds, en temps opportun, Ítre mises en dis- cussion par les autoritÈs navales, ÈtudiÈes en liaison par les autoritÈs militaires et civiles, puis soumises ý l'autoritÈ supÈrieure qui aurait indiquÈ la solution d'ensemble. C'est ce qu'on a souvent nÈgligÈ de faire. Etrange omissionª; puisqu'elle Ètait de telle consÈquence ! Omission qui justifie la plainte aprËs coup d'un autre membre de l'Etat-Major, le gÈnÈ- ral von Freytag-Lorin- ghoven Les moyens d'obtenir une dÈcision radicale de la guerre mondiale ont ÈchappÈ aux armÈes, alors que la situa- tion stratÈgique est subor- donnÈe ý la situation Ècono- mique mondiale (i). Tout au plus,! un Allemand de haute va- leur intellectuelle, l'israÈlite W. Rathe- nau eut-il, ý ce sujet, quelques intuitions qu'il essaya de rÈali- ser en crÈant la Di- W. RA rection des matiËres premiËres de guerre ª, organisÈe par le dÈcret du 13 aost I9I4. Cet office, comme on le voit par les textes prÈcÈdents, ne fonctionna ja- mais que mÈdiocrement et n'aboutit guËre qu'ý une immense dÈsillusion. Et quand Lu- dendorff, comme il l'a expliquÈ surabondam- ment et un peu emphatiquement, dans ses livres publiÈs aprËs la guerre, essaya d'orga- niser quelque chose sous la direction du (i) Voir les belles Ètudes de M. Pierre BRUNEAU: Le rÙle du Haut Commandement au point de vue Èconomique, dans Revue miliIaire gÈnÈrale, numÈros de septembre I921, fÈvrier 1922, mars I922 et suiv. T G. Q. G., il Ètait trop tard. Les ressources que l'imprÈvoyance des administrations civiles n'avait pas su accumuler manquaient et rien ne pouvait plus les remplacer. Le systËme des ersatz ne pouvait Ítre qu'un palliatif; d'autre part, l'adversaire avait opposÈ ý la guerre sous- marine sans restrictions l'organisation du blocus gÈnÈral et ý fond. Dans ce duel de prÈvoyance et d'intelligence, l'Allemagne devait finalement succomber. On a remarquÈ avec raison que l'expÈrience coloniale de la plupart des grands chefs mili- taires franÁais, Joffre, GalliÈni, Lyautey, Gouraud, Mangin, les avait entraÓnÈs, mÍme avant la guerre, ý dis- cerner l'importance de l'ordre Èconomique et les avait habituÈs ý collaborer avec les autres services: ma- rine, finances, affaires ÈtrangËres, commerce, agriculture, etc. Notre haut Etat-Major n'È- tait pas restÈ enfermÈ dans sa tour d'ivoire ni dans son orgueil corporatif. Cet avan- rHENAU tage fut dÈcisif. La collaboration de l'ar- mÈe et du pays en fut plus Ètroitement assurÈe. Nous avons signalÈ dÈjý l'initiative prise ý l'Etat-Major du gÈnÈral Joffre en octobre I9I5, et qui aboutit ý la rÈunion d'une confÈrence des Etats-Majors interalliÈs ý Chantilly en vue d'Ètudier les dispositions ý adopter pour assurer entre les commandants en chef des armÈes alliÈes une communautÈ de vues constante, aussi bien dans les mesures ý prendre au point de vue militaire que dans celles ý pro- poser ý leur gouvernement dans l'ordre diplo- '43
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