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Hanotaux, Gabriel, 1853-1944 / Histoire illustrée de la guerre de 1914
Tome 14 (1922)
Chapitre LXIV: Reprise de la bataille pour Verdun: Douaumont et Vaux délivrés/ (septembre-novembre 1916), pp. 236-252
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HISTOIRE ILLUSTRSE DE LA GUERRE DE 1914 sans mouvement d'infanterie de part ni d'autre. On s'observe. Des prisonniers interrogÈs disent qu'ils appartiennent ý une division amenÈe de Rethel dans la journÈe. Un autre prisonnier donne ces renseignements prÈcis sur le fort 300 hommes y tiennent garnison, les mi- trailleurs sont installÈes sous des abris bÈton- nÈs, principalement face au sud ª. Faut-il risquer l'attaque, faut-il continuer le siËge ª ? Mangin suspend encore son jugement. Il n'y a pas lieu de se presser puisqu'on tient l'objet et que l'artillerie poursuit son oeuvre. Le 30 octobre, tout le monde Ètant en place, l'artillerie ayant accompli sa t'che et les observateurs faisant part d'une sorte de vide qui semble se produire dans le fort et autour du fort, on remarque soudain que l'artillerie allemande montre moins d'activitÈ. L'heure approche o~ l'on pourra, sans doute, recommencer le coup de Douaumont. La 63e division (Andlauer) est toujours chargÈe de l'enlËvement du fort ; la 74e est retirÈe du front et remplacÈe par la 22e division. L'attaque est fixÈe au 3 novembre dans la journÈe. Le 3I octobre, journÈe calme et mÍme silen- cieuse; on dirait qu'il se passe quelque chose. Le 1er novembre, repos, attente, temps affreux: l'artillerie allemande tonne de loin sur nos positions. Du fort, rien. Des aviateurs signa- lent que des troupes allemandes semblent descendre les pentes, se dirigeant vers la WoÎvre; des explosions, se produisent. Dans l'aprËs-midi, un radio allemand an- nonce que le fort est ÈvacuÈ. En fait, il l'est depuis la veille au matin, sauf les derniers ÈlÈments que l'on avait vu disparaÓtre. Des mesures sont prises aussitÙt pour s'as- surer du fait. La compagnie Piot, du 298e, qui avait reÁu la mission de prendre la tÍte de l'attaque, est chargÈe de la reconnaissance. Les patrouilles visitent d'abord les abris I44 et 4595 et les trouvent vides; elles tournent autour du fort, cherchant une entrÈe: pas un coup de fusil ; les dÈbris fument encore ; l'air est irrespirable. Le lieutenant Piot finit par dÈcouvrir une Ètroite ouverture ; il s'y glisse, suivi du sous-lieutenant LavËve et de ses hommes ; le fort est vide. Les couleurs fran- Áaises sont arborÈes sur les ruines. Le second captif Ètait dÈlivrÈ ª. Ce succËs ne suffit pas ý la haute prÈvoyance du commandement ; car il s'agissait de gagner non seulement- les points d'appui, mais la cein- ture tout entiËre. C'Ètait lý le but stratÈgique. MalgrÈ un formidable barrage d'artillerie, dÈchaÓnÈ par les batteries allemandes, dÈjý reportÈes en arriËre, notre infanterie, accrochÈe jusque-lý ý l'Stang de Vaux, pousse Ènergi- quement ses reconnaissances en avant. La ge division gagne du terrain vers le village de Vaux; la 63e division arrive jusqu'ý l'Èglise. En fin de journÈe, les deux forts sont reliÈs par une ligne qui suit le ravin de la Fausse-CÙte et la tranchÈe Driant. La crÍte entiËre est occupÈe. Ce ne sont pas seulement les deux captifs ª dÈlivrÈs, c'est Verdun qui respire, c'est Verdun qui, cette fois, a refoulÈ ses assiÈgeants. Un poids Ècrasant est lenlevÈ de la poitrine de la France: le sort de la guerre penche ; repre- nons la parole de M. Lloyd George: Le nom de Verdun suffira ý Èvoquer dans' l'histoire de tous les siËcles un souvenir impÈrissable. ª FIN DU QUATORZI»ME VOLUME 252 1
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