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Hanotaux, Gabriel, 1853-1944 / Histoire illustrée de la guerre de 1914
Tome 14 (1922)
Chapitre LXIII: Effets de Verdun et de la Somme, pp. 213-[235]
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EFFETS DE VERDUN ET DE LA SOMME TROTSKY TCHERNOFF centaines. Nous demandons, ajoute-t-il, qu'on nous donne quelques Èclaircissement sur le rÙle de ce bureau. 'Il semble Ítre le centre'd'un travail reptilien, comme on n'en a jamais vu de pire en Allemagne... Faut-il rappeler, maintenant, la coÔnci- dence absolue de cette extension soudaine avec les campagnes de piesse qui se dÈchaÓnent dans les pays de l'Entente? Les terribles sacrifices que rÈclament la lutte ý Verdun et la lutte sur la Somme pro- voquent en France, en Angleterre, en Italie, une Èmotion profonde. Cette Èmotion, il faut la dÈvelopper jusqu'ý ce qu'elle devienne trouble, dÈpression. A Zimmerwald, dÈjý, 40 ou 50 dÈlÈguÈs, venant des pays neutres et des pays de l'Entente, s'Ètaient rencontrÈs avec les dÈlÈguÈs allemands et avec les Russes, Trotzky, Tchernoff, Martoff. Au moment le plus tragique de la lutte pour Verdun (du 24 au 30 avril i9i6) a lieu la rÈunion de Kienthal sous la prÈsidence de l'Allemand Grimm, qui, l'annÈe suivante, de- vait Ítre chargÈ de traiter la paix avec la rÈvo- lution russe ; aux insinuations qui commen- Áaient ý se rÈpandre, l'opinion franÁaise s'Ètait ÈlevÈe vigoureusement contre l'idÈe d'une paix de dÈfaillance ou mÍme de compromis (I). Pour guider l'opinion, M. Briand indiquait, (I) DËs juin-novembre i9i6, l'auteur du prÈsent ouvrage demandait, dans des articles publiÈs par la Revue des Deux Mondes, que la paix fst prÈcÈdÈe tout d'abord d'un armi- stice ª sollicitÈ par l'Allemagne; il demandait que le problËme de la ConfÈdÈration allemande fst repris ab ovo, et cela avec le consentement des Stats particuliers. Il de- mandait la constitution d'une forte Europe centrale >, destinÈe ý parer aux ambitions germaniques sur la Mittel- Europa: Une Allemagne composÈe et entourÈe d'Stats forts, telle serait, ý premiËre vue, la constitution d'une bonne Europe centrale... L'Europe victorieuse refusera l'exis- tence ý l'empire des Hohenzollern; ý plus forte raison, elle s'opposera ý la conception pangermaniste d'une Mittel- Europa. L'empire des Hohenzollern ayant achevÈ sa courte et fatale existence, la Prusse rentrera dans ses limites. En plus, elle sera mise hors d'Ètat de nuire. C'est, selon le mot de Washington, une question de sÈcuritÈ. Les ententes qui seront intervenues entre les puissances alliÈes auront tracÈ d'avance, autour de la Prusse, un cercle de Popilius, nÈces- saire pour le ch'timent, l'indemnitÈ et la garantie. C'est alors que se poseront, en particulier, les problËmes de l'occu- pation des territoires, des indemnitÈs gagÈes sur les richesses du sol et de l'industrie, sur les domaines de l'Stat et ache- vÈes par le dÈsarmement sur terre et sur mer... ' L'auteur demandait, en outre, la constitution d'une SociÈtÈ des Na- tions. Ces Ètudes, datÈes de igi6, ont ÈtÈ rÈunies dans le volume Le TraitÈ de Versailles. L'Allemagne et l'Europe. Plon, i919, in-80, p. 3-59. 229
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