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Hanotaux, Gabriel, 1853-1944 / Histoire illustrée de la guerre de 1914
Tome 14 (1922)
Chapitre LXII: La Bataille de la Somme, pp. 184-[212]
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HISTOIRE ILLUSTRSE DE LA GUERRE DE I9I4 pour cela, il faut un temps de repos, des relËves, une prÈparation nouvelle. Le 7e corps est rem- placÈ par le 6e corps ; la 6e armÈe se trouve dÈsormais composÈe par les Ier, 5e, 6e et 33e corps; l'offensive ne sera reprise que le 20 septembre. RESULTATS ArrÍtons-nous et DE LA BATAILLE voyonslesrÈsultatsd'en- DES TROIS MOIS semble de ces trois mois de lutte qui forment l'une des plus grandes batailles de la guerre, l'une des plus effi- caces, mais aussi l'une des plus rudes, des plus costeuses, une sorte de SÈbastopol o~ les deux armÈes franÁaise et anglaise 'ont prouvÈ ce que peut faire l'union de deux grands peuples civilisÈs quand ils combattent unis et coude ý coude. D'abord localement: la route de Lille Ètait atteinte et, sauf le pivot du Mont-Saint-Quentin, PÈronne, un des grands buts de la guerre, Ètait sous la main des alliÈs; l'ennemi se sentait pris au piËge dans son fameux saillant de Noyon. Le tourment de ses communications commen- Áait ý le hanter: l'heure o~ il songerait ý dÈmÈ- nager n'Ètait pas ÈloignÈe. Verdun se dÈgageait. Nous allons donner le dÈtail du magnifique rÈtablissement qui va commenser autour de la rÈgion fortifiÈe et qui repoussera l'ennemi tambour battant jusque dans ses lignes de dÈpart. Et cela est encore d'une grande consÈquence. Sur les fronts russe et italien, les rÈsultats Ètaient non moins satisfaisants. Encore un effort, et la guerre penchait partout du cÙtÈ de la victoire des 'alliÈs. La garnison de l'Allemagne place assiÈgÈe ª, refoulÈe ý Ver- dun, bouclÈe sur la Somme, Ètait partout sans issue. Mais n'anticipons pas... La bataille de la Somme n'est pasfinie. Douglas Haig se borne ý des constatations exactes et limitÈes volon- tairement ý la stricte rÈalitÈ, quand il Ècrit au sujet des opÈrations locales: Le saillant gÍnant de la ligne alliÈe avait disparu et nous avions obtenu un front de dÈpart pour les opÈrations ultÈrieures. Ces rÈsultats Ètablissaient un fait plus impor- tant que les gains matÈriels. Nos nouvelles armÈes Ètaient capables non seulement d'enlever d'assaut les plus puis- santes dÈfenses ennemies, mais encore d'user et de vaincre la force de rÈsistance de l'adversaire, par un effort continu, implacable... L'ennemi, il est vrai, avait considÈrablement retardÈ notre avance, mais l'effort avait ÈtÈ dispendieux et le flÈchissement relatif de sa rÈsistance dans les tout derniers jours de la lutte justifiait l'opinion que, dans un effort prolongÈ, la victoire dÈcisive serait pour nos troupes qui avaient dÈployÈ de si belles qualitÈs combatives ainsi qu'une endurance et une rÈsolution si indomptables. Cet optimisme Ètait fondÈ; mais il n'Ètait pas partagÈ partout. A Londres, ý Paris mÍme, la bataille de la Somme avec ses lentes Èvolu- tions, doublant celle de Verdun avec ses im- menses sacrifices, n'Ètait pas bien somprise. Dans les salons, dans les couloirs, dans les salles de rÈdaction des journaux, des bruits pessimistes se rÈpandaient. La campagne de propagande allemande, reprise avec une vigueur extrÍme, portait. Partout une angoisse secrËte commenÁait ý se rÈpandre. Tant il est vrai que, dans les choses humaines,le succËs se paye par la souffrance, et la vie par la mort!
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