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Hanotaux, Gabriel, 1853-1944 / Histoire illustrée de la guerre de 1914
Tome 14 (1922)
Chapitre LXII: La Bataille de la Somme, pp. 184-[212]
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HISTOIRE ILLUSTRSE DE LA BATAI LLE IJ n'y avait qu'ý con- SE POURSUIT tinuer, et c'est ce qui dis- EN JUILLET; tinguera cette bataille Èmi- TSNACITS nemment stratÈgique de ET SACRIFICES tant d'autres (comme celle de l'Aisne en I9I7) O manqua peut-Ítre.le pre- mier gage du succËs dans les grandes opÈrations militaires et dansles grandes affaires en gÈnÈral: la persÈvÈrance. Je ne sais s'il n'y eut pas un plus haut signe de vÈritable gÈnie dans la tÈnacitÈ rÈflÈchie de Douglas Haig que dans ces brillantes manoeuvres tant vantÈes. AprËs le 5 juillet, il fallut donner quelques jours de repos ý la troupe et prendre des dis- positions nouvelles pour la prolongation dela lutte: dÈplacement des artilleries, reconstitu- tion des brigades par l'arrivÈe des relËves, etc. Le 7 juillet, on recommenÁa. Du 7 au I3, la progression s'affirme dans la rÈgion d'Ovillers et le long de la route de Bapaume; du cÙtÈ sud de la route, Contalmaison et le bois de Mametz cËdent ý leur tour. On est au pied de la crÍte, c'est-ý-dire aux prises avec la seconde position allemande. Dans la journÈe du I4 juillet, c'est la crÍte elle-mÍme que l'on aborde; mais on restreint encore le front d'attaque: l'opÈration a lieu au sud de la route, entre Contalmaison et le bois des TrÙnes. L'offensive fut dÈclenchÈe ý 3 h. 25, alors qu'il faisait ý peine jour. Les, troupes d'attaque se lancËrent ý dÈcouvert pendant I 000 ý I 400 mËtres. Le soir, un trou profond s'Ètait fait- dans la zone alle- mande, la brigade de Secunderabad menant le train en pointe sur le bois Delville et grimpant sur la crÍte. La villa de Contal- maison, le cimetiËre, Bazentin-le-Grand, Longueval, le bois des TrÙnes furent nettoyÈs; Bazentin-le-Petit, le bois des Foureaux, le bois Delville furent approchÈs: Les troupes enne- mies, sÈvËrement ÈprouvÈes dans ces attaques et contre-attaques, commencËrent ý donner des signes de dÈsorganisation ª (Douglas Haig). On pouvait se demander si c'Ètait la percÈe; le gÈnÈral Rawlinson lanÁa en avant ses pre- miers ÈlÈments de cavalerie. L'ennemi se rÈorganisa tant bien que-nal sur la crÍte et on recommenÁa le lendemain I5 juillet, puisqu'on ne pouvait rien obtenir que d'un martËlement obstinÈ. L'ennemi avait amenÈ des canons et des mitrailleuses. Les contre-attaques furent sanglantes; on dut ordonner un repli en arriËre de la crÍte. Et on recommenÁa le i6: au nord de la route, Ovillers, o~ une garnison allemande Ètait assiÈgÈe, se rendit ce jour-lý aux troupes de la 48e divi- sion qui se jetËrent aussitÙt sur PoziËres. Et on recommenÁa le I7 juillet au sud de la route. La ligne avanÁait encore sur une profondeur de prËs de I .500 mËtres, occupant l'arÍte sud de la crÍte principale sur un front de 6 kilo- mËtres. On ramassait du matÈriel, des armes, des munitions, des approvisionnements; depuis le Ier juillet, les troupes britanniques avaient fait plus de io ooo prisonniers. Le rapport de Douglas Haig rÈsume en ces termes, qui n'ont rien d'excessif, ces premiers rÈsultats. AprËs dix jours et dix nuits d'un combat incessant nos troupes ont achevÈ la prise mÈthodique du premier systËme de dÈfense de l'ennemi sur un front de 14 000 mËtres. Ce systËme de dÈfense se composait de pom- breuses lignes ininterrompues de tranchÈes, s'Ètendant sur une profondeur variant de 2 000 ý 4 ooo mËtres et com- prenant cinq villages puissamment fortifiÈs, de nombreux bois retranchÈs et munis abondamment de fils de fer barbelÈs et d'un grand nombre de solides redoutes. La prise de chacunede ces tranchÈes reprÈsentait une opÈra- tion d'une certaine importance. Toutes maintenant sont entre nos mains. Du cÙtÈ franÁais, les effets de l'offensive Ètaient plus frappants encore, et cela au prix de sacrifices infiniment moindres, on peut dire ý peu prËs nuls pendant les premiers jours. Cependant la rÈsistance s'affirmait au fur et ý mesure que l'on avanÁait. L'avance du 6 juillet pour le jer corps colonial Ètait de 7 kilo- mËtres; le 20e corps prenait Hardecourt le 8; le 1er corps colonial enlevait Biaches le 9, mais il Èchouait devant Barleux. La lutte devient de plus en plus chaude dËs que l'on s'approche de PÈronne, dominÈ par le formi- dable rÈduit du Mont-Saint-Quentin. .206 LA GUERRE DE I9I4.
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