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Hanotaux, Gabriel, 1853-1944 / Histoire illustrée de la guerre de 1914
Tome 1 (1915)
Chapitre V: La politique des armements, pp. 112-[129]
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LA POLITIQUE DES ARMEMENTS L'EMPEREUR GUILLAUME Il SUR LA PASSERELLE D'UN NAVIRE DE GUERRE L'ARTI LLERI E Quelques observations par- LOURDE ticuliËres sont nÈcessaires pour faire pÈnÈtrer dans le secret de la puis- sante organisation militaire de l'Allemagne; elles donnent, ý la fois, le double caractËre de puissance matÈrielle et de brutalitÈ aveugle qui paraissait, aux maÓtres de l'heure, une condition du succËs. L'Allemagne n'ignorait pas l'infÈrioritÈ rela- tive de son canon de campagne, comparÈ au 75 franÁais; mais, pour obvier ý cette infÈrioritÈ, elle avait, de bonne heure, cherchÈ dans un esprit qui, s'inspirant de la guerre de Mand- chourie, supposait une guerre moins manoeu- vriËre et plus stable que la guerre prÈvue par les thÈoriciens de la guerre napolÈonienne. L'artillerie de campagne, si parfaite soit- elle, a pour inconvÈnient son tir rasant ý la trajectoire trop tendue, qui ne peut atteindre un ennemi tapi dans des tranchÈes ou cachÈ derriËre des abris. Pour obtenir ce rÈsultat, il faut recourir au tir plongeant. En outre, si l'artillerie de campagne a l'avantage de l'Èvolution rapide, sa portÈe est limitÈe ý cinq ou six mille mËtres; des canons plus puissants, portant ý douze ou quatorze kilomËtres, peuvent tenir en respect l'artil- lerie de campagne, ý moins que celle-ci, en allant prendre position sous le feu, ne consente ý s'exposer grandement et ý combattre ý dÈcouvert. Il en rÈsulte que toute attaque de l'infanterie, prÈparÈe par le canon de campagne, sans l'appui des piËces lourdes, est costeuse en hommes. On peut ajouter que le canon de cam- pagne est ý peu prËs dÈsarmÈ contre l'obusier qui, gr'ce ý son tir plongeant, peut se poster en arriËre des maisons ou des crÍtes et se i 19
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