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Hanotaux, Gabriel, 1853-1944 / Histoire illustrée de la guerre de 1914
Tome 1 (1915)
Chapitre premier: Les origines diplomatiques du conflit, pp. 7-[26]
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LES ORIGINES DIPLOMATIQUES DU CONFLIT Depuis cette Èpoque, la France et la Russie sont restÈes constamment fidËles aux engage- ments rÈciproques. Tout en conservant une certaine libertÈ d'action pour la dÈfense et l'extension de leurs intÈrÍts particuliers, elles se sont tenues Ètroitemeit associÈes toutes les fois que des affaires d'intÈrÍt gÈnÈral ont ÈtÈ soumises au tribu- nal des puissances. L'Alliance Franco- Russe ou Double Alliance n, fondÈe depuis vingt ans, a traversÈ les crises les plus graves, a subi les assauts les plus dangereux, a ÈtÈ entourÈe des tentations les plus fortes sans en Ítre ÈbranlÈe : elle a donne ainsi l'exem- ple d'une stabilitÈ internationale des plus rares dans l'histoire. Il exis- tait, en effet, entre le grand Empire et la RÈpublique dÈ- mocratique, un pacte supÈrieur a tous les incidents secondaires: c'Ètait L'AMIRA celui que les 'mes avaient contractÈ dans le sentiment commun du pÈril que l'hÈgÈmonie allemande faisait courir ý l'indÈpendance du inonde. Un jour devait venir o~ cette conception fondamentale de l'alliance rallierait autour d'elle d'autres inquiÈtudes, d'autres clair- voyances, et d'autres Ènergies. L'EXPANSION De 1890 ý i910, l'Alliance COLONIALE Franco -Russe n'eut, pour ainsi dire, qu'ý prÈserver l'avenir : c'est la pÈriode de l'expansion coloniale des peuples i, ( europÈens. La France, qui a dÈjý occupÈ la Tunisie et le Tonkin, assure le maintien de son autoritÈ mondiale en s'Ètablissant au Congo, ý Madagascar, en Indo-Chine, dans tout le Nord-Ouest africain; elle commence ait jeter ses vues sur le Maroc. Elle comprend qu'en assurant ý ses armÈes l'immense rÈser- voir d'hommes du continent noir, elle fortifie sa situation europÈenne. Un jour, le roi LÈopold de Belgique disait ý celui qui Ècrit ces lignes: Mais que diabl.e allez-vous donc chercher en Afrique? - Sire, vous allez y cher- cher de l'or, et nous, des soldats! Cette politique d'expansion colo- niale devait Ítre rÈalisÈe pendant qu'il en Ètait temps encore : si on n'y est parÈ rapide- ment, toutes les places eussent ÈtÈ prises sur la pla- nËte; c'est ce qui CERVAiS devait arriver a l'Allemagne. Bismarck avait rÈpÈtÈ longtemps qu'il n'Ètait pas un homme colonial ª. Mal lui en prit : sur la fin de sa vie, il dut s'inquiÈter, comme les autres, du monde qui s'ouvrait. C'est lui qui conclut, avant de quitter le ministËre, l'arrangement avec l'Angleterre, qui fondait, en Èchange de Zanzibar, la colonie allemande de l'Est africain. Il ramassa aussi, et ses successeurs aprËs lui, quelques miettes dela table coloniale: l'archipel des Óles Samoa, le Togoland, le Cameroun, Kiao-TchÈou dans le golfe du PÈ-tchi-li; mais l'Allemagne Èprouva 2 D
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