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Hanotaux, Gabriel, 1853-1944 / Histoire illustrée de la guerre de 1914
Tome 1 (1915)
Chapitre premier: Les origines diplomatiques du conflit, pp. 7-[26]
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CHAPITRE PREMIER LES ORIGINES DIPLOMATIQUES DU CONFLIT La politique de l'Allemagne ý la suite de la guerre de 1870. L'Allemagne entre l'Autriche -Hongrie et la Russie. - La Triple Alliance. L'Alliance Franco - Russe. .~A guerre de I9I4 se rattache L ~~directement ý la guerre de 1870 En consacrant, au traitÈ de Francfort, le dÈmembrement de la France, Bis~marck (qui a protestÈ souvent ne l'avoir *pas fait de son plein grÈ) lais- sait, dans la plaie saignante au flanc de ce noble pays, le germe des maux futurs. Il ne se faisait pas d'illusion ý ce suj et, et il dÈ- clarait lui-mÍme que c'Ètait une faute d'avoir rÈclamÈ Metz et la Lorraine. Il disait, dËs le I3 aost i87I, ý M. de Ga- briac, chargÈ d'affaires franÁais ý Berlin: Je ne me fais pas d'illusions; il ne serait pas logique de vous avoir pris Metz qui est franÁais, si des nÈcessitÈs impÈrieuses ne nous obligeaient ý le garder... L'Ètat-major dÈclarait : Metz est un glacis derriËre lequel nous pouvons mettre cent mille hommes. Nous avons donc ds le garder. J'en dirai autant de l'Alsace et de la Lorraine. C'est une laute que nous aurions commise en vous les prenant, si la paix devait Ítre durable; car, pour nous, ces provinces seront une difficultÈ, etc. ª Le madrÈ politique n'avait pas voulu, aprËs Sadowa, abattre l'Autriche et ses alliÈs; il le raconte lui-mÍme, avec son ironie puissante et rÈaliste: (<AprËs Sadowa, mon gracieux maÓtre avait dÈcidÈ d'enlever un morceau de territoire ý chacun des princes battus, comme punition: Je vais, me rÈpÈtait-il sans cesse, exercer la ª justice de Dieu. ª je finis par lui rÈpondre qu' il valait mieux laisser Dieu exercer sa ª justice lui-mÍme. De mÍme, aprËs la guerre de i870, il devi- nait quel pÈril courrait l'empire fondÈ par lui, si cette crÈation de son gÈnie avait perpÈtuel- lement comme adversaire une France ina- paisÈe. Outre les preuves officielles de cette hÈsi- tation de Bismarck, preuves qui abondent maintenant, voici un rÈcit singuliËrement dra- matique, puisqu'il appelle en tÈmoignage deux grands artistes allemands, contemporains de Bismarck, dont l'un du moins, Lenbach, avait su gagner sa confiance : Une seule fois, un fait prÈcis, d'ordre historique, s'Èchappe des lËvres de l'artiste (Lenbach) ý propos d'une rÈcente sortie de Wagner: < Bismarck a commis le pire et le plus ª imbÈcile des crimes, s'est ÈcriÈ le poËte musi- ª cien, s'adressant ý des amis franÁais. De gaÓtÈ ª de coeur, comme une brute, abusant impu- demment de la guerre, il a pris Strasbourg et ª Metz ý la France. Pour combien de siËcles ª a-t-il ouvert' un abÓme entre deux nations (lui 7
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