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Hanotaux, Gabriel, 1853-1944 / Histoire illustrée de la guerre de 1914
Tome 14 (1922)
Chapitre LXI: Verdun, pp. 59-[183]
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CHAPITRE LXI VERDUN Les dÈbuts de l'affaire de Verdun. - Les confÈrences de Chantilly (dÈcembre 1915) et la prÈparation de la guerre dans le camp alliÈ pour 1916. - La prÈparation de la guerre dans le camp allemand. Falkenhayn et son systËme. - Le commandement franÁais fut-il surpris ý Verdun ? L'organisation dÈfensive de la rÈgion fortifiÈe de Verdun. ALGRS les deux victoires locales si chËrement achetÈes de l'Ar- M \ /ttois et de Champagne, l'an- nÈe I9I5 se terminait, pour les puissances de l'Entente, dans des conditions assez peu favorables. Sur tous les fronts ÈloignÈs, les armÈes de la coa- lition avaient ÈtÈ tenues en Èchec ou battues; l'armÈe russe, ÈprouvÈe par une longue sÈrie de dÈfaites, avait besoin d'Ítre rÈorganisÈe ý fond, notamment au point de vue matÈriel; l'armÈe serbe avait ÈtÈ emportÈe par la catastrophe; l'armÈe italienne Ètait immobilisÈe devant le Carso. L'ennemi, profitant de ces avantages, se disposait ý ramener sur le front franÁais des effectifs ÈlevÈs. Peut-Ítre essaie- rait-il de ressaisir l'initiative ª. Grave prÈoc- cupation pour le gÈnÈral en chef. Il sentait, plus vivement que jamais, la cause d'infÈ- rioritÈ qui pesait sur la conduite de la guerre le manque d'unitÈ dans le commandement. On combattait en ordre dispersÈ, sans communautÈ d'efforts et sans une efficace organisation de la solidaritÈ. Si l'on continuait ainsi, l'ennemi profiterait de ses principaux avantages, ý sa. voir sa position centrale et l'utilisation des lignes intÈrieures: il battrait les puissances de l'Entente l'une aprËs l'autre. Avant tout, il fallait trouver le moyen d'as- surer, dans des conditions meilleures, la coor- dination des efforts pour les opÈrations de i9i6. Tel fut l'objet de la confÈrence de Chantilly des 5, 6 et 8 dÈcembre i9i5. Nous sommes ici ý un tournant ª trËs im- portant de la guerre; car, il s'agit de la pre- miËre organisation des confÈrences interalliÈes, en attendant la constitution du commande- ment unique. Le gouvernement franÁais d'avis qu'il Ètait de toute nÈcessitÈ de coordonner les efforts au Grand Quartier gÈnÈral franÁais mais, ý cette vue, il fallait amener les autres gouvernements, et cela Ètait d'autant plus difficile que la dispersion des forces alliÈes et la diversitÈ des champs d'action donnaient ,un grand poids aux objections. Nous avons dit que le gÈnÈral GalliÈni, ministre de la Guerre, faisant un premier pas, le 2 dÈcembre i9I5, avait nommÈ le gÈnÈral Joffre commandant en chef des armÈes franÁaises ª, - l'expÈrience actuelle prouvant, disait l'exposÈ des motifs, que l'unitÈ de direction Ètait indispensable ý la conduite de la guerre ª. C'Ètait la meilleure des prÈparations ý la rÈunion de Chantilly, convoquÈe pour le 5 dÈcembre. 59
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