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Hanotaux, Gabriel, 1853-1944 / Histoire illustrée de la guerre de 1914
Tome 16 (1923)
Chapitre XXI [sic]: L'évolution de 1917, pp. 13-48
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CHAPITRE XXI L'SVOLUTION DE I9I7 Vue d'ensemble sur l'annÈe 1917. -L'Angleterre rÈclame la direction de la guerre. Effets de la guerre, sous-marine. - Les Etats-Unis dÈclarent la guerre en avril 1917. La mission Joffre- Viviani. - Le ministËre Ribot-PainlevÈ: Attente et mise au point. - La dÈcomposition de l'armÈe russe.- Kerensky et les bolchevistes. L'offensive et la dÈb'cle de juillet-septembre 1917. - Le monde lointain se prononce pour l'Entente. L'armÈe italienne sur les plateaux de l'Isonzo en mai et septembre 1917. 'ANNSE i9i6 avait ÈtÈ l'annÈe des sacrifices; l'annÈe I9I7 fut l'annÈe des dÈceptions. AprËs les succËs si cruelle- ment achetÈs de Verdun et ~ de la Somme, on croyait, chez les Puissances alliÈes, n'avoir qu'ý tendre la main pour sai- sir la victoire; les Empires centraux eux-mÍmes y parais- saient ý peu prËs rÈsignÈs. Or, elle Èchappe et tout redevient trouble et confus: on peut se demander si la fortune ne va pas se retourner au dernier mo- ment. Cette inquiÈtude vient, au fond, de la crise de l'autoritÈ et spÈcialement de l'autoritÈ militaire. Le dÈpart du gÈnÈral Joffre a ÈtÈ un signal et, au point de vue militaire comme au point de vue civil, une sorte de dÈsagrÈga- tion est la consÈquence de la rupture du noeud qui avait tout tenu jusque-lý: Chantilly. Chan- tilly Ètait fils de l'Èlan patriotique de I914. Alors, on Ètait dÈcidÈ ý tout pour gagner la guerre, et, en particulier, ý obÈir : discipline militaire et discipline nationale, - tout le monde l'avait compris, - c'Ètait la condition sine qua non de la victoire. Durant les deux premiËres annÈes de la guerre, cette contrainte volontaire avait ÈtÈ acceptÈe. La conception absolued'un Grand Quartier gÈnÈral maÓtre des destinÈes du pays n'en avait pas moins, comme toutes les choses humaines, ses inconvÈnients, ses faiblesses, ses dangers. En prenant conscience de *sa force, Chantilly qui, certes, agissait de bonne foi, Ètait parfois sans mÈnagement; il prÍtait le flanc ý certaines critiques: on lui repro- chait de n'avoir pas prÈvu la transformation de la guerre de mouvement en guerre de positions. On crut constater, chez le grand £tat-Major, une confiance trop obstinÈe dans les anciennes mÈthodes militaires, un optimisme auquel les ÈvÈnements ne rÈpon- daient pas; on lui reprochait encore de n'avoir pas tout prÈvu ý Verdun; la crÈation de l'ar- tillerie loui Je n'avait pas ÈtÈ dÈcidÈe ý temps; la campagne des e canons et des munitions ª avait ÈtÈ menÈe en dehors de l'Stat-Major; il n'avait suivi que tardivement. Ces critiques et' d'autres encore, qui venaient surtout de cer- tains milieux parlementaires, s'accrÈditaient par suite des Limmenses souffrances dont l'armÈe et le pays Ètaient accablÈs. Le Grand Quartier gÈnÈral renfermÈ dans son mutisme 13
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